Les normes et critères
Il y a quelques semaines, je me pointe chez Canac et je demande, au comptoir des entrepreneurs, un ruban genre 3M pare-air, pare-vapeur qui serait blanc ou transparent pour relier mes fenêtres au cadre de la fenêtre, car le pare-air/pare-vapeur de mes murs est le contreplaqué situé sur l’extérieur de mon mur 2″x4″ structural.
Le type d’un certain âge, qui doit donc avoir bien de l’expérience, me répond qu’on ne met pas de ruban sur les fenêtres, que c’est pour les cadres de fenêtres seulement, pour empêcher l’eau, et que je ne connais pas mon code du bâtiment.
Je me retiens de répondre, car il ne sert à rien de vouloir éduquer des gens qui sont bloqués sur des techniques d’il y a 50 ans, mais voici ce que je lui aurais répondu:
Voici donc les diverses évolutions du code et autres standards de maisons performantes au Canada et en Amérique du Nord.
1.0 Standards et certification
1.0.1 Code du bâtiment (2015 Canada, complément Québec 2017), Code de l’Énergie
Le Code n’impose que des seuils minimums de qualité, bref, la note de passage à respecter en vertu de la Loi sur le bâtiment. Sherbrooke (et notre future maison) se trouve dans la zone 6.





Pour convertir la valeur R en valeur RSI, il faut multiplier la valeur R par 0,1761.
Attention : Les cotes de résistance thermique sont parfois exprimées dans le système impérial (R) ou dans le système métrique (RSI).
1.0.2 Écologique (matériaux, émissions, etc.)
Il s’agit de diminuer les impacts des méthodes construction, incluant les déchets, eaux de ruissellement, choix de matériaux moins énergivores (fabrication), moins polluants (comme peintures et colles sans éléments volatils).
Ces concepts sont repris dans la norme LEED.
1.0.3 Net-zero ou autonome
Côté petits bâtiments résidentiels, de l’unifamilial au 3 étages, c’est le Net Zéro qui est devenu la cible à atteindre. (d’ici 2050)
Le but d’une maison à consommation énergétique nette zéro consiste à produire au moins autant d’énergie qu’elle en consomme sur une période annuelle.
La Canadian Home Builders’ Association (CHBA) a lancé officiellement son programme de certification à deux niveaux: Net Zero Home (NZH ─ Maison Nette Zéro ou MNZ) et Net Zero Ready Home (NZRH ─ Maison prête pour le Net Zéro ou MpNZ).

Tableau 1 Consommation énergétique moyenne d’un ménage
Exigences techniques
Une maison à consommation nette zéro doit être écoénergétique bien sûr, mais elle doit surtout être bien conçue. La réduction des coûts de construction – par exemple, on réduit la quantité de bois utilisé pour la structure, mais on le pose à la bonne place (« Advanced Framing ») ;
Des modélisations énergétiques, effectuées avec le logiciel HOT 2000 – les systèmes de distribution doivent être convenablement dimensionnés selon les charges (demande des calculs bien précis). Le design solaire passif est encouragé, les énergies renouvelables viennent en dernier lieu ;
Les détails de durabilité – par exemple:
- l’excellent contrôle de l’eau et des moisissures via l’installation de solins sous toutes les ouvertures, l’emplacement de la fenêtre dans le mur, des normes concernant l’application de scellant faible expansion…
- L’enveloppe du bâtiment doit être au moins 33 % plus efficace que ce que dicte le Code du bâtiment
- Les charges électriques de base par occupant doivent se limiter entre 15 et 19 kWh/jour ;
- La norme CSA F280-2012 doit être appliquée pour le calcul de charges en chauffage et ventilation (VRC) et climatisation ;
- L’enveloppe vise de hauts standards d’efficacité qui prennent en compte les risques liés au confort, aux infiltrations et la qualité de l’air intérieur:
- La cible est de 1.0 CPM à 50Pa ou moins. Le pare-air doit être continu, avec peu de joints.
- Le minimum d’isolation requis est de R-60 au grenier, R-30 aux murs, R-24 aux murs sous le sol, R-10 pour la dalle et R-5 aux fenêtres.
- Le sous-sol est conçu pour freiner la pénétration du radon et de l’humidité.
- Un appareil de mesurage énergétique est requis dans la maison ;
- Des appareils à débit réduit doivent être posés pour limiter la consommation d’eau ;
- L’information sur les appareils énergétiques et les récupérateurs de chaleur des eaux de drainage est exigée.
Le programme du CHBA repose sur le travail des précurseurs. Chaque projet doit d’abord répondre aux exigences requis par l’un des trois programmes suivants:
- R-2000 2012 (version actuelle)
- EnergyStar + NovoClimat pour les nouvelles maisons
- EnerGuide pour les maisons
Grands principes
- Réduire les besoins de chauffage et de climatisation;
- Ne pas construire la maison plus grande que nécessaire. Plus l’habitation sera grande, plus ses besoins en chauffage et en électricité seront élevés. Sans ce concept clé, les autres aspects deviennent pratiquement inutiles.
- Construire en utilisant les principes bioclimatiques. Canaliser les énergies offertes par la nature, tel le rayonnement du Soleil, est un bon moyen de profiter gratuitement des ressources.
- Poser une isolation adéquate dans les murs et le toit.
- Opter pour des fenêtres isolantes à faible émissivité.
- Assurer une enveloppe étanche et efficace.
- Prévoir un système de ventilation performant.
- Procéder à une bonne utilisation de la masse thermique. Par exemple, il est conseillé de laisser la dalle de béton apparente, celle-ci permettant une bonne stabilisation de la température intérieure.
- Choisir un système de chauffage efficace adapté au climat;
- Jeter son dévolu sur un système approprié et bien isolé.
- Opter pour des technologies renouvelables.
- Adopter un chauffe-eau solaire et prévoir un système d’appoint;
- Prévoir une connexion au réseau d’électricité de la région.
- Assurer un stockage énergétique suffisant.
- Installer des luminaires et électroménagers efficaces;
- Sélectionner des appareils homologués ENERGY STAR.
- Comparer l’efficacité énergétique des appareils avant l’achat.
- Prévoir un système fonctionnant avec des énergies renouvelables qui répond aux besoins.
- Débrancher les appareils lorsqu’ils ne sont pas utilisés.
- Trouver des alternatives aux différents modes de consommation;
- Par exemple, utiliser la sécheuse équivaut à installer 4kW en panneaux solaires pour un coût de 50 000 $. Poser une corde à linge, ou un sèche-linge, donne les mêmes résultats, mais sans consommer d’électricité et pour une somme de 50 $.
1.0.4 Net-zero ready
Il s’agit d’une maison Net Zero sans la composante de production d’énergie renouvelable. Le CHBA a une certification séparée pour ce sujet.
L’édition 2020 du Code national de l’énergie du Canada représente une étape importante en vue de l’objectif du Canada d’atteindre des bâtiments à consommation énergétique nette zéro (CENZ) d’ici l’année 2030. Un bâtiment à CENZ a une haute efficacité énergétique mais n’inclut pas de production d’énergie renouvelable sur place permettant de compenser la consommation énergétique annuelle découlant des opérations.
1.0.5 Energuide (Canada)

Figure 1 : Étiquette ÉnerGuide

Figure 2 Maison Écoénergétique
L’étiquette ÉnerGuide au Canada présente
- la consommation d’énergie annuelle en kilowatt-heure (kWh);
- une flèche indiquant le rendement du modèle par rapport aux modèles les plus écoénergétiques et les plus énergivores de la même catégorie;
- le type et la capacité des modèles de la même catégorie;
- le numéro de modèle;
- un logo ENERGY STAR®, le cas échéant.
L’étiquette ÉnerGuide aux États-Unis présente
- les caractéristiques principales;
- la marque, le modèle et la taille;
- le coût de fonctionnement estimé en fonction de la consommation moyenne d’électricité;
- la consommation d’énergie annuelle en kilowatt-heure (kWh);
- un logo ENERGY STAR®, le cas échéant.
Étiquettes obligatoires et volontaires
L’étiquette ÉnerGuide est obligatoire pour les appareils suivants :
- les sécheuses
- les laveuses (y compris les laveuses/sécheuses intégrées)
- les lave-vaisselle
- les congélateurs
- les tables de cuisson, les cuisinières électriques et les fours
- les réfrigérateurs, les réfrigérateurs-congélateurs et les celliers domestiques
- les climatiseurs individuels
L’étiquette ÉnerGuide est volontaire pour les appareils suivants :
- les climatiseurs centraux
- les générateurs d’air chaud (au mazout, au gaz ou au propane)
- les thermopompes à air
- les foyers au gaz
- les chauffe-eau
1.0.6 Novoclimat-R2000
Une maison Novoclimat 2.0 aura une cote ÉnerGuide d’environ 80 à 82 (sur un potentiel de 100) et consommera environ 20 % moins d’énergie qu’une maison classique dont la cote est généralement de 78. Le surcoût d’une maison de 2 400 pi2 certifiée Novoclimat est estimé à environ 4 000 $.
Une meilleure isolation : le niveau d’isolation minimal, qui était autrefois fixé en termes de résistance thermique nominale , est dorénavant remplacé par une cible calculée en résistance thermique effective . « Celle-ci permet de refléter plus fidèlement l’isolation réelle du bâtiment, en prenant en considération les divers points faibles de l’enveloppe thermique (p. ex : ossature, portes, fenêtres) dans son calcul, contrairement à la résistance thermique nominale qui n’est que la somme des valeurs isolantes des matériaux contenus dans l’assemblage, ne tenant ainsi pas compte des multiples ponts thermiques. La cible de résistance thermique minimale des composantes de l’enveloppe est ainsi rehaussée. Par exemple, dans le Sud québécois, le niveau d’isolation Novoclimat d’un toit ou d’un plafond en pente avec comble passe d’une valeur nominale de R-41 à une valeur effective (tenant compte des portes et fenêtres et de l’ossature) de R- 58,5 (soit environ R-61 nominal). Pour les murs hors sol, elle passe de R-24,5 nominal à R-23,5 effectif (environ R-30 nominal).
Une étanchéité à l’air supérieure, soit de 1,5 changement d’air à l’heure (CAH mesuré par test d’infiltrométrie simulant une pression de 50 pascals [Pa]) dans le cas d’une unifamiliale détachée ou de 2 CAH à 50 Pa pour une maison jumelée ou en rangée. Dans le cas des maisons classiques il oscille entre 3 et 3,5 CAH à 50 Pa. Peu d’économies sont donc à prévoir à ce chapitre par rapport aux maisons Novoclimat de première génération. Toutefois, l’imposition de nouvelles mesures de scellement devrait permettre d’améliorer encore davantage l’étanchéité des habitations. L’étanchéité supérieure, en limitant les pertes de chaleur et l’infiltration d’air froid, assure non seulement un plus grand confort et de plus faibles coûts de chauffage, mais réduit également l’infiltration des bruits et autres polluants extérieurs ainsi que le risque de condensation favorisant la prolifération de moisissures dans l’enveloppe. Par ailleurs, lorsqu’un matériau pare- vapeur (d’une perméance à la vapeur sous 60 ng/Pa·s·m2, soit la perméance en nanogrammes divisée par la multiplication de la pression en pascals, du temps en secondes et de la superficie en mètres carrés) est installé dans la partie froide de l’enveloppe, les propriétés et l’emplacement des divers matériaux doivent respecter les conditions particulières énoncées à l’article 9.25.1.2 du Code national du bâtiment (CNB) et du Code de construction du Québec (CCQ), afin de permettre, par exemple, à de l’eau qui s’infiltre dans un mur de sécher vers l’intérieur ou vers l’extérieur de maison.
Toujours au chapitre de l’étanchéité, Novoclimat 2.0 emprunte une exigence du programme LEED pour les habitations et du nouveau Code national du bâtiment (CNB 2010). Les planchers en contact avec le sol doivent désormais être munis d’un dispositif permettant le raccordement d’un système d’évacuation du radon, gaz radioactif souterrain reconnu comme la deuxième cause de cancer du poumon. Ce système consiste essentiellement en une canalisation de 4 pouces de diamètre traversant le plancher sur sol et qui doit être scellée sur tout son pourtour et être munie d’un couvercle parfaitement étanche à l’air et clairement étiqueté pour identifier sa fonction. Si jamais une mesure révélait que la concentration de radon dans la maison excédait la ligne directrice de Santé Canada, établie à 200 Becquerels par mètre cube d’air, la canalisation serait raccordée à un ventilateur d’extraction pouvant dépressuriser l’espace sous le plancher sur sol, bref aspirer et évacuer le radon. Le CCQ exige déjà que les principales voies d’infiltration du radon, comme les jonctions entre les composantes en contact avec le sol, les fissures, les avaloirs de sol et les puisards, soient étanchéisées à l’aide de produits de scellement ou de couvercles étanches à l’air.
Les fenêtres et portes extérieures doivent être homologués ENERGY STAR pour la zone climatique dans laquelle ils sont installés. Pour le sud du Québec (zone climatique B), il s’agit essentiellement de fenêtres à vitrage triple rempli de gaz inerte (argon ou krypton), dotées d’intercalaires isolants et d’au moins une pellicule à faible émissivité (Low E). En plus de devoir être installées selon les règles de l’art (dans la partie chaude du mur et de façon étanche), les superficies vitrées orientées à l’est, à l’ouest ou au sud doivent être dotées d’un dispositif d’ombrage lorsqu’elles représentent plus de 15 % de la surface de plancher des pièces où elles sont installées.
Des systèmes mécaniques plus performants
Les ventilateurs récupérateurs de chaleur (VRC) doivent désormais respecter les exigences du programme nord-américain ENERGY STAR. « Cela signifie que pour le sud du Québec, l’efficacité de récupération de chaleur sensible du VRC (le pourcentage de l’énergie de l’air vicié récupéré pour préchauffer l’air frais, mesuré lors d’un essai effectué à -25 °C), est maintenant fixée à 60 % plutôt que 54 % dans le cadre réglementaire, et à 65 % lorsqu’elle est mesurée à 0 °C.
Aucune cible n’était auparavant fixée à cette température de référence, mais elle est particulièrement importante puisqu’elle permet d’assurer une efficacité supérieure du VRC pendant toute la saison de chauffe plutôt que seulement en période de froid intense, la température extérieure ne chutant qu’à de rares occasions sous -25 °C. »
L’efficacité énergétique des appareils de chauffage de l’air et de l’eau ainsi que de la climatisation est également rehaussée. La plupart de ces appareils doivent désormais être certifiés ENERGY STAR. La biomasse forestière résiduelle est ajoutée aux formes d’énergie admissibles.
Exigences complémentaires et liste de choix
Novoclimat 2.0 s’inspire du programme fédéral R-2000 qui en 1994 introduisait diverses exigences en matière de développement durable ainsi que du programme nord-américain LEED pour les habitations.
« Un certain nombre de critères doivent être respectés parmi une liste de choix (exemples : matériaux sains, recyclés ou de provenance locale; gestion écologique des déchets sur le chantier; conception favorisant l’énergie solaire passive; construction compatible avec l’utilisation de l’énergie solaire; construction favorisant le branchement de véhicules électriques; gestion efficace de l’eau, etc.). »
Depuis 1999, plus de 45 millions de dollars ont été attribués en aide financière à plus de 21 000 propriétaires de maisons construites selon les normes de ce programme. Plus de 16 500 maisons, 8 250 logements et 950 plex ont été certifiés, et plus de 1 700 entreprises du domaine de la construction ont été attestées Novoclimat, ce qui représente une réduction de 80 000 teC (tonnes équivalent carbone [CO 2]).
1.0.7 Maison résiliente
Les meilleures concepts et mesures de durabilité pour résister aux changements climatiques. II faut être préparé, ou encore avoir l’habileté de pouvoir réagir face à une catastrophe.
- Simple est mieux que compliqué.
- Passif est mieux qu’actif.
- Les systèmes additionnels tombent en panne.
Principes :
- Le point de départ: le choix du site.
- Garder la maison chaude (ou fraîche) lors de pannes. Super-isolation thermique, Modulation des caractéristiques de fenêtres (triple épaisseur au sud, moins est et ouest), murs et toits réfléchissant (moins nécessaire avec super-isolation)
- La masse thermique
Les systèmes de chauffage supplémentaires :
- Panneaux solaires thermiques alimentés par le photovoltaïque: les pompes et les ventilateurs des panneaux solaires thermiques peuvent être alimentés grâce à un petit panneau solaire photovoltaïque.
- Thermopompes alimentées par le photovoltaïque: une pompe à chaleur est très efficace, environ 2/3 plus que les autres sources à résistance électrique (chaudières, radiateurs à plinthes, fournaises, etc.). Cette caractéristique permet de réduire le nombre de panneaux solaires nécessaires pour chauffer la maison d’environ deux tiers !
Des systèmes de batteries domestiques seront nécessaires pour certaines des options mentionnées.
Réduire sa dépendance aux systèmes mécaniques
Les systèmes additionnels finissent toujours par se briser. Et plus un système est complexe, plus il est à risque de se briser. Les puits de lumière automatisés, les volets de fenêtres, les portes de garage et les systèmes de climatisation peuvent améliorer la commodité et l’efficacité de la maison, mais dans une perspective de résilience, ces systèmes devraient continuer d’opérer en l’absence de courant. Assurez-vous alors que vos systèmes peuvent être actionnés manuellement, ou procurez-vous une batterie.
Prévoir la ventilation naturelle en cas de panne de courant (été, fenêtres en opposition, niveaux différents).
Protection contre les inondations : Les maisons construites sur dalle ne s’inonderont pas.
Un toit simple:
- Les puits de lumière sont très populaires, pour la lumière naturelle qu’ils fournissent, mais ils ne sont vraiment pas une caractéristique de conception résiliente: ils haussent les coûts d’opération en augmentant les pertes en hiver et les gains en été.
- Les noues sont parfois nécessaires, selon les designs, mais elles entrainent des complications et des coûts plus élevés.
- Une circulation d’air suffisante dans les greniers est nécessaire afin d’éviter toute accumulation d’humidité.
- Un débord de toit de 2, 3 ou même 4 pieds déduira la fréquence à laquelle l’eau parviendra aux murs, augmentant ainsi leur durabilité.
- Les toits verts et les toits de tôle dureront beaucoup plus longtemps que les bardeaux d’asphalte, et ils résisteront mieux aux vents violents, aux fortes précipitations, a la grêle, etc.
Les valeurs : liberté, autonomie, indépendance et résilience
La résilience, elle? C’est rebondir lors des coups durs, savoir reprendre forme pour s’adapter, de façon harmonieuse, à un défi ou problème. Dans le contexte concret de notre habitat, la résilience, consiste à pouvoir répondre à nos besoins de base en cas de panne (eau ou sources d’énergie), et bien gérer les dégâts d’eau ou feux éventuels.
Redondance des systèmes
Un autre élément incontournable, quand on conçoit une maison autonome et/ou résiliente, c’est le principe de redondance!
La redondance permet d’avoir plus qu’un système pour fournir la même ressource (eau, chauffage, énergie, etc.), mais aussi des systèmes à usages multiples. Par exemple, un foyer au bois pour le chauffage de l’habitat est aussi une superbe alternative pour la cuisson des aliments ou le chauffage de l’eau et crée une atmosphère chaleureuse dans la maison.
On peut intégrer de la masse thermique, qui absorbe et accumule la chaleur pour la redonner confortablement et sainement, la nuit et sous les nuages!
Résilience et autonomie partielle ou complète en nourriture: Essayez donc cela au Québec en plein hiver !!!
1.0.8 Pretty Good House
Mouvement démarré en Nouvelle-Angleterre, visant à optimiser le rapport coût versus bénéfices des approches hyper-performantes comme le PassivHaus. Je vous présente leurs principaux principes en anglais.
L’idée de la Pretty Good House, ou PGH, est d’avoir une liste générale à utiliser comme guide lors des choix de conception et de construction que chaque projet doit faire. Il s’agit d’une barre plus élevée à fixer pour le constructeur de tous les jours qui n’a pas besoin de certification.
Voici une liste de base des éléments nécessaires à une Pretty Good House. Celles-ci sont basées sur deux groupes de discussion sur la science du bâtiment pour les maisons du Maine et sur des articles du blog de Mike Maines sur GBA.
Généralités :
- Utiliser des matériaux et de la main-d’œuvre d’origine locale
- Utiliser des fournisseurs locaux
- Mettre en service et tester les performances après l’achèvement
- Fournir un manuel du propriétaire pour la maison
- Rendre les choses durables
- Réduire les déchets de construction et recycler les matériaux
- Utiliser des matériaux à faible énergie intrinsèque
Considérations relatives au site :
- Utiliser un site de remplissage si possible
- Orienter le soleil d’une manière appropriée à votre emplacement
- Prévoir la culture d’aliments dans un jardin potager
Conception :
- Garder l’espace de vie climatisé relativement petit par occupant (peut-être 600 pi2 pour le premier et 300-400 pi2 par occupant supplémentaire)
- Garder la structure moins complexe
- Concevoir autour de la mécanique (prévoir des conduits, garder les canalisations courtes)
- Construire autour d’un noyau de service pour la plomberie, le câblage et les conduits
- Utiliser un modèle énergétique
- La conception doit être basée sur la performance (que diriez-vous d’une charge de conception inférieure à 12 BTU par pi2)
Fondations :
- Si le sous-sol – R-10-20 sous la dalle, murs R-20+
- Si dalle seulement – utiliser des niveaux et techniques d’isolation appropriés (R-40 sous la dalle, périmètre R-50)
- Périmètre d’étanchéité à l’air
Enveloppe du bâtiment :
- Murs – R-40 avec rupture de pont thermique
- Plafond – R-60 avec rupture de pont thermique
- Étanchéité à l’air – 1,5 ACH 50 ou mieux (étanchéité à l’air)
- Visez des valeurs pour l’ensemble du système de murs (Code IECC 2012)
- AUCUNE isolation en fibre de verre
- Étanchéifiez les prises électriques dans les murs extérieurs (ou évitez-les complètement)
- Évitez les boîtiers d’éclairage encastrés dans le plafond (ou au moins scellez-les à l’air)
- Utilisez un détail de mur pare-pluie
Fenêtres :
- Valeur U de la fenêtre entière inférieure à 0,20
- Chaleur solaire élevée (SHGC) sur les fenêtres au sud (0,55 ou mieux)
- Utilisez moins de fenêtres ouvrables
- Étanchéifiez toutes les ouvertures brutes
Mécanique :
- Évitez d’utiliser des combustibles fossiles
- Utilisez un VRC ou ERV avec commandes programmables
- Utilisez le bon type de système de chauffage pour la charge de conception
- Installez un chauffe-eau solaire actif et/ou électrique ou (au moins prêt pour l’énergie solaire)
- Isolez les tuyaux d’eau chaude
- Utilisez des appareils à faible débit
Finitions intérieures :
- Utilisez des contreplaqués, des colles et des produits sans formaldéhyde
- Utilisez des finitions et des peintures à faible teneur en COV ou sans COV
- Utilisez des matériaux non toxiques
- Concentrez-vous sur la qualité de l’air intérieur !
À partir de l’adresse <https://performancebuildingsupply.com/pretty-good-house-list/>
1.0.9 Bâtiment à carbone zéro
Les bâtiments résidentiels de grande hauteur peuvent viser la Norme sur les Bâtiments Carbone Zéro (lancée officiellement par le Conseil du Bâtiment Durable du Canada – CBDCa).
Un bâtiment à carbone zéro est défini comme un bâtiment très écoénergétique qui produit sur place, ou qui se procure, de l’énergie renouvelable sans carbone dans une quantité suffisante pour compenser les émissions annuelles associées à l’exploitation du bâtiment.
INTENSITÉ DE LA DEMANDE EN ÉNERGIE THERMIQUE

DEMANDE DE POINTE (à limiter et déclarer)

ÉNERGIE RENOUVELABLE PRODUITE SUR PLACE
S’il est possible d’atteindre le bilan carbone zéro en utilisant des sources d’énergie renouvelable produite sur place ou hors site, la certification BCZ-Design requiert qu’au moins cinq pour cent de la demande totale en énergie du bâtiment soit satisfaite à l’aide d’une énergie renouvelable produite sur place.
INTENSITÉ ÉNERGÉTIQUE
L’intensité énergétique (IE) correspond à la consommation opérationnelle totale d’un bâtiment, y compris toutes les charges de chauffage, de refroidissement, de ventilation et d’éclairage, ainsi que les charges aux prises et de procédés.
De même, aucune cible d’IE n’a été établie pour la performance opérationnelle, en reconnaissance des grandes différences dans la performance des bâtiments existants et pour encourager le plus grand nombre de bâtiments à atteindre l’objectif du carbone zéro.
CARBONE INTRINSÈQUE
Bien que les émissions de carbone opérationnelles soient au cœur de la Norme du bâtiment à carbone zéro, on observe une conscientisation croissante de l’importance de tenir compte du carbone intrinsèque et des autres émissions de GES associés aux matériaux de construction.
1.0.10 Solaire passif Passivhaus (PHI) ou PHIUS
Passivhaus : Origine Allemagne. Reprise un peu partout au monde. Au Canada, il y a la CanPHI qui représente la norme PHI de base.
PHIUS : adaptation pour l’Amérique du Nord. À l’aide du DOE américain, il s’agit de la prochaine étape US vers le Net Zéro. L’adaptation considère la localisation et diffère pour rendre plus équitable les petites et grosses habitations (notion du nombre de personne, surface exposée aux éléments et non pas seulement la surface de plancher.
AirPlus criteria DOE : norme sur la qualité de l’air, qui s’associe à la direction Net Zero
PASSIVHAUS
Une Passivhaus est définie par une haute qualité de l’air et le confort de ses occupants.
PassivHaus utilise le logiciel PHPP pour la modélisation énergétique. Au Canada, la CanPHI est associée à PHI. La Maison Passive Québec est associée à NAPHN, elle-même s’occupant de la promotion de la maison passive, et PHIUS de la recherche et des normes (et la certification).
Donc il existe 2 certifications possibles, soit PHI (CanPHI) ou PHIUS.
Au départ PHIUS s’est basé sur les normes PHI. En 2011, il y a eu une séparation entre les deux, car la norme pour le climat européen s’adapte mal pour l’Amérique du Nord et comme les Allemands sont un peu doctrinaires, ils n’étaient pas prêts à adapter leur norme aux autres pays. PHIUS (USA) fournit une série d’outils pour configurer l’analyse par le logiciel WUFI (équivalent de PHPP de PHI), en fonction de la localisation.
Voici un exemple de la différence entre la norme PHIUS et PHI pour quelques endroits en Amérique du Nord.

Ainsi, pour la ville de Juneau, Alaska, il est clair que la demande de chauffage est plus haute que celle de climatisation, ce que reconnait la norme PHIUS, mais pas la norme PHI allemande, pourtant toutes les deux parlent d’une intensité énergétique de 30 kWh/m2 iCFA. Pour notre maison, en adoptant la norme PHIUS, on se retrouve avec 40 kWh/m2 pour le chauffage, et seulement 15 kWh/m2 pour la climatisation (voir tableau PHIUS 2021 ci-dessous).
PHIUS
City
Sherbrooke
State
QC
Climate Data
LENNOXVILLE
Climate Zone
6A
Maximum Window U-value (Btu/hr.sf.F)
0.13
Maximum SHGC
NR
Minimum Projection Factor
NR
Minimum SRE for E/HRVs
0.85
Minimum TRE for E/HRVs
NR
Minimum Wall R-value
41
Minimum Roof R-value
73
Minimum Unconditioned Basement / Crawlspace Ceiling R-value
28
Minimum Below-grade walls / floors R-value
23
Minimum Rating Required for Air-Source Heat Pumps
Minimum COP @ 5°F: 1.75
Minimum SEER Required for Air-Source Heat Pumps
15
En 2021 les critères sont différents :

PHI : Principaux critères


Il existe aussi une certification « Low Energy » :
Critères minimaux généraux pour toutes les normes (2.4)
Outre un niveau élevé d’efficacité énergétique, les bâtiments passifs et les bâtiments rénovés selon la norme EnerPHit offrent un niveau optimal de confort thermique et un degré élevé de satisfaction des utilisateurs ainsi qu’une protection contre les dommages liés à la condensation. Afin de garantir cela, les critères minimaux mentionnés ci-dessous doivent également être respectés en plus des critères des sections 2.1 à 2.3 (du manuel PHI). À l’exception du confort thermique, ces exigences s’appliquent également aux bâtiments basse énergie PHI.
Fréquence de surchauffe (2.4.1)
Pourcentage d’heures dans une année donnée avec des températures intérieures supérieures à 25 °C
- sans refroidissement actif : ≤ 10 %
- avec refroidissement actif : le système de refroidissement doit être dimensionné de manière adéquate
Fréquence d’humidité excessivement élevée (2.4.2)
Pourcentage d’heures dans une année donnée avec des niveaux d’humidité absolue de l’air intérieur supérieurs à 12 g/kg - sans refroidissement actif : ≤ 20 %
- avec refroidissement actif : ≤ 10 %
Protection thermique minimale (2.4.3)
Satisfaction des occupants
- Toutes les pièces occupées de façon prolongée doivent avoir au moins une fenêtre opérable
- L’éclairage et les volets doivent pouvoir être opérés manuellement, et avec priorité sur la régulation automatique
- Chauffage et climatisation doivent être réglables dans chaque unité d’utilisation
Ventilation
- Contrôlable – débit ajusté aux besoins
- Dans chaque pièce
- Des mesures doivent être prises si humidité sera trop faible ou trop élevée
- Ne doit pas générer de bruit dans les pièces utilisées normalement (<25db)
- Ne pas provoquer de courant d’air
À Vancouver, une étude a comparé une maison construite avec un standard VBBL, plus strict que le code de la Colombie Britannique. La conclusion est la suivante:
Comparing the Economics of VBBL and Passive House
For the two houses studied in this project, building enclosure costs are 15% to 20% higher
for Passive House; however, mechanical cost savings of 30% to 40% are also realized. This leads to an overall total construction cost premium of approximately 2% to 7% as compared to VBBL construction based on typical construction prices in Vancouver.
Évidemment, si la maison a des formes moins économiques (pas un cube), la différence peut être un peu plus élevée.
1.0.11 LEED
Qu’est-ce que LEED® ?
Leadership in Energy and Environmental Design (LEED) est un système d’évaluation reconnu comme la marque internationale d’excellence pour les bâtiments durables dans plus de 132 pays. Depuis 2002, le Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa) et LEED Canada ont contribué à redéfinir les bâtiments et les communautés durables au pays.
Le système LEED fonctionne bien parce qu’il reconnaît que la durabilité doit être au cœur de tous les bâtiments – dans leur conception, leur construction et leur exploitation. Au cours des 11 dernières années, le CBDCa a accordé une certification LEED à plus de 1 000 bâtiments au Canada et en a inscrit plus de 4 000 à la certification, se classant au deuxième rang mondial à cet égard.
Quels sont les principaux systèmes d’évaluations LEED® ?
Il existe plusieurs systèmes d’évaluation LEED®, pour satisfaire aux besoins des différents types de bâtiments et de projets.
- Nouvelle construction et rénovation majeure
- Noyau et enveloppe
- Aménagement d’intérieurs commerciaux
- Bâtiment existant
- Aménagement de quartiers
- Habitations
Comment faire certifier un projet LEED ?
La certification LEED porte sur plusieurs sujets, et pas seulement sur l’aspect énergétique. Il est basé sur un système de points (voir plus bas).Il existe quatre niveaux différents de certification LEED — Certifié, Argent, Or et Platine — et ils sont déterminés par un système de crédits ou de points. Un bâtiment ou un projet peut obtenir la certification LEED en soumettant une demande qui documente la conformité aux exigences énoncées dans le système de notation. Le Green Building Council délivre la certification LEED après une demande satisfaisante, un examen et une vérification de la conformité. Des frais sont associés à cette certification.
La construction de maisons passives crée jusqu’à 90 % d’énergie de chauffage plus efficace et réduit la consommation d’énergie jusqu’à 70 %. Les projets LEED offrent généralement des rendements accrus jusqu’à 30 %. C’est un argument convaincant pour affirmer que la maison passive est meilleure.
La complexité de LEED est son plus grand défaut pour être accepté par le secteur du bâtiment comme un moyen de réglementer les nouvelles constructions par le code. La maison passive est simple et précise.
Cependant, il est possible d’avoir une certification PHI ou PHIUS et LEED. À voir avec les conseillers énergétiques.
Il existe quatre niveaux différents de certification LEED — Certifié, Argent, Or et Platine — et ils sont déterminés par un système de crédits ou de points. Un bâtiment ou un projet peut obtenir la certification LEED en soumettant une demande qui documente la conformité aux exigences énoncées dans le système de notation. Le Green Building Council délivre la certification LEED après une demande satisfaisante, un examen et une vérification de la conformité. Des frais sont associés à cette certification.
La construction de maisons passives crée jusqu’à 90 % d’énergie de chauffage plus efficace et réduit la consommation d’énergie jusqu’à 70 %. Les projets LEED offrent généralement des rendements accrus jusqu’à 30 %. C’est un argument convaincant pour affirmer que la maison passive est meilleure.
La complexité de LEED est son plus grand défaut pour être accepté par le secteur du bâtiment comme un moyen de réglementer les nouvelles constructions par le code. La maison passive est simple et précise.
Cependant, il est possible d’avoir une certification PHI ou PHIUS et LEED. À voir avec les conseillers énergétiques.
1.0.12 Maison adaptée
Adaptations intérieurs pour accessibilité (personne âgée, handicap, enfants,…). Dimensions, positions des interrupteurs, agencement des pièces, etc.
Autant que possible, nous allons directement construire une maison adaptée pour le futur.
1.2 Auto-construction ou Autogestion
1.2.1 Auto-construction
Les particularités de l’auto construction
Le véritable auto constructeur est celui qui exécute lui-même une bonne partie des travaux de construction de sa maison. Au Québec, le propriétaire peut légalement réaliser lui-même presque tous les travaux de sa maison sauf l’électricité. Cependant, pour des raisons multiples, l’auto constructeur fait très souvent réaliser 50% de ses travaux par des spécialistes. Ceci est courant pour la pose des fermes de toits, les systèmes de chauffage et de ventilation mécanique, l’excavation, le gros œuvre de la plomberie, le coffrage et la mise en place du béton, les escaliers, la maçonnerie, l’isolation à l’uréthane, le creusage du puits et du système d’épuration et bon nombres de travaux qui requièrent de bonnes connaissances, des équipements spécialisés, une grande force physique ou du savoir-faire.
Plusieurs auto-constructeurs achètent aussi un « KIT » préfabriqué ou pré-usiné pour faire réaliser la coquille extérieure de la maison (fondations, murs, toiture) par une entreprise. Cette solution leur permet de se mettre à l’abri des intempéries pour terminer eux-mêmes les travaux à leur rythme. Pour cela, l’auto-constructeur doit s’attendre à investir beaucoup de temps s’il ne veut pas faire des erreurs coûteuses.
Auto-constructeurs: avoir les aptitudes nécessaires.
La réalisation des travaux de construction et de finition demandent des aptitudes et des habiletés. Il faut de la patience et de la minutie, il faut être bien outillé et savoir comment utiliser ses outils et équipements. On ne devient pas auto-constructeur en construisant, on fait de l’auto-construction parce qu’on aime les travaux manuels. Certains individus ne sont tout simplement pas faits pour l’auto-construction.
Les économies. Beaucoup d’auto-constructeurs se lancent dans cette aventure pour économiser de l’argent sur la main-d’œuvre. Très peu d’entre eux y arrivent. Plusieurs facteurs réduisent les économies à zéro:
1- Le tant qu’à y être. D’abord le sentiment qu’on va économiser et que, tant qu’à y être, on peut mettre plus d’argent dans la qualité ou le luxe.
2- Le temps c’est aussi de l’argent. Lorsqu’un chantier dure 24 mois et qu’on s’y rend trois fois par semaine il faut ajouter des frais de transport, des repas, des outils, de l’entretien, etc…
3- Le prix des erreurs et des accidents. Par inexpérience, l’auto-constructeur fait presque toujours quelques erreurs coûteuses durant les travaux. Des travaux doivent souvent être repris, des matériaux mal entreposés sont endommagés ou volés, une fenêtre échappée est brisée, etc.
Mais dans tous les cas, le propriétaire doit disposer de beaucoup de temps et de disponibilité. Il a aussi besoin d’avoir sous la main une personne ressource qualifiée et indépendante pour l’aider à faire la gestion de l’ensemble du processus.
Planifier la construction de sa maison se fait généralement sur plusieurs années car on ne décide pas du jour au lendemain qu’on veut se bâtir une maison. Il faut d’abord prendre le temps de bien établir ses priorités et ses besoins afin que l’aménagement et le choix des systèmes de construction soient faits en fonction des besoins de sa famille, de son budget et aussi du marché de la construction. Beaucoup d’auto-constructeurs construisent des maisons trop personnalisées qui deviennent ensuite invendables parce qu’elles ne correspondent pas du tout aux goûts des acheteurs potentiels.
Construire soi-même: du temps et de la disponibilité
Après la planification, la durée de la construction se fait généralement sur 6 à 8 mois en gestion de projet par le propriétaire et sur 12 à 24 mois en auto-construction. Durant tout le processus le propriétaire doit pouvoir être disponible en tout temps et presque 7 jours sur 7.
Pour l’auto-constructeur et le propriétaire-gestionnaire, cette disponibilité est nécessaire:
1- Pour surveiller l’exactitude et la qualité du travail des arpenteurs et entrepreneurs spécialisés: excavation, coffrage, qualité du béton, pose de bois moisi, drainage des fondations, protection des arbres sur le chantier, finition du béton, pose de solins, isolation, etc…
L’auto-construction et la gestion de projet nécessitent un grand sens de l’organisation rigoureux pour que les travaux soient faits au bon moment et de la bonne façon.
2- Pour faire le choix des produits, textures et couleurs: parements extérieurs, revêtements de plancher, quincaillerie, portes et fenêtres, bardeaux d’asphalte, peintures, boiseries, vernis, céramiques, appareils sanitaires, robinetteries, rideaux, escaliers, garde-corps intérieurs et extérieurs, clôtures, patio, pavés, etc…
3- Pour prendre des décisions urgentes: le bain choisi a un défaut de fabrication (il faut en choisir un autre car on ne peut attendre 4 semaines), on a frappé du roc il faut dynamiter et reporter tout l’échéancier d’une semaine donc revoir tous les contrats, il pleut depuis une semaine on ne peut pas faire le toit et l’entrepreneur en isolation ne veut pas attendre, le charpentier a fait l’ouverture des fenêtres trop petite, le plombier s’est blessé (en fait il est parti à la chasse et se fout totalement de vous), le vendeur de pavé est sur place et demande un acompte immédiat sinon il rapporte la marchandise, etc…
4- Pour prendre les décisions prévues: l’électricien vous avait prévenu que le positionnement des prises et des interrupteurs se ferait sur le chantier… et bien c’est demain à 8h00 am… , vous devez être disponible mardi après-midi entre 12h00 et 17h00 pour recevoir les fenêtres et signer les bons de livraison, l’entrepreneur en chauffage veut vous expliquer le fonctionnement de l’appareil soyez-là samedi à 11h00, visites de chantier régulières pour acceptation des travaux en vue des paiements, etc…
5- Visites de chantier régulières. Il est conseillé de visiter le chantier une fois par jour pour éviter que des travaux mal exécutés soient ensuite dissimulés…
6- Réagir aux intempéries. Un orage violent se déchaîne sur votre chantier et inonde le sous-sol…
7- Pour changer d’idées. Plus le chantier dure longtemps, plus le nombre de changements augmente. C’est normal, le processus de design n’arrête pas le jour où on fait imprimer les plans finaux. Certaines personnes sont incapables de voir en trois dimensions à partir d’un plan et il est difficile d’imaginer les dimensions d’une pièces sur papier. Cependant, il faut pouvoir évaluer l’impact de ces changements de dernière minute sur le reste des travaux. Les exemples sont nombreux: vous voulez changer votre commande car un nouveau produit vient d’arriver sur le marché, moins cher et plus durable que ce que vous avez commandé 2 mois plus tôt. Sur place, vous trouvez que votre chambre est petite et qu’une cloison pourrait être tassée de un pied pour l’agrandir. Un grand spécial à 50% de réduction dans un bois franc de fin de production vous permet de remplacer le tapis dans la chambre des enfants sans crever votre budget. Etc…
L’auto-construction: dur sur le couple.
Selon certaines propres statistiques, 50% des couples qui débutent un projet d’auto-construction se séparent avant la fin des travaux ou trouvent l’expérience excessivement éprouvante pour leur vie de couple. Les raisons sont multiples: une mauvaise évaluation budgétaire, une mauvaise évaluation du temps requis, le travail ensemble, la fatigue cumulée à l’effort, les erreurs dues au manque d’expérience d’un des partenaires, les différences de perception, etc… Certains couples ne sont pas faits pour çà.
1.2.2 Autogestion
Les particularités de l’autogestion
La gestion du temps. L’auto-constructeur se donne généralement beaucoup plus de temps que l’autogestionnaire pour la réalisation de ses travaux. Ceci lui permet de réduire le nombre de décisions rapides à prendre. Il peut aussi attendre un peu plus dans l’évolution du chantier avant de donner des contrats aux entrepreneurs spécialisés.
Au contraire, l’autogestionnaire doit signer l’ensemble de ses contrats et organiser l’ensemble de son échéancier avant la première pelleté de terre afin de s’assurer que la réalisation tournera rondement. Comme il est presque certain que des sous-traitants lui causeront des problèmes, il doit se donner des temps morts entre les sous-traitants qui deviennent des espaces tampons en cas de problèmes. Un entrepreneur général travaillant avec des équipes fiables peut réaliser une maison en 3 à 4 mois mais pour l’autogestionnaire il est préférable de prévoir de 6 à 8 mois.
La gestion de la qualité. Le propriétaire autogestionnaire doit bien connaître le marché de la construction, les garanties, les contrats, les paiements et doit être capable de bien identifier la qualité des travaux exécutés et leur conformité aux normes et aux règles de l’art.
Durant tout le processus d’exécution des travaux il devra accepter au fur et à mesure la qualité des travaux exécutés. Et dans ce domaine, le fait de voir les travaux et de ne rien dire constitue souvent une acceptation implicite de la qualité de la réalisation. Après l’acceptation des travaux, il ne pourra plus revenir sur leur qualité d’exécution sauf en déboursant pour les correctifs. Comme exemple, l’utilisation de bardeaux d’asphalte durant 50 ans plutôt que 25 ans réduirait de moitié les déchets bitumineux dans les centres d’enfouissement.
Cependant, l’idéal demeure d’utiliser des matériaux durables et recyclables tels que l’aluminium qu’on peut refondre ou le béton qu’on peut concasser pour l’utiliser comme gravier. Tout produit naturel renouvelable et compostable entre aussi dans cette catégorie. Par exemple, acheter du bois provenant de forêts certifiées FSC, où la quantité de bois prélevée est égale à celle qui repousse. Assurant ainsi la pérennité des forêts et des écosystèmes.
Profiter de l’aide professionnelle
L’auto-constructeur et l’autogestionnaire ont besoin d’avoir sous la main un professionnel de la gestion de projet indépendant qui peut répondre à leurs questions tout au long du processus de planification, de réalisation et de suivi post-construction.
Trop de propriétaires attendent d’être mal pris dans un problème de chantier coûteux avant de consulter ces professionnels alors que leur rôle est essentiellement préventif.
La prévention des problèmes dans la phase de planification résout en effet 90% des problèmes de chantier. Ne vous en privez pas.
MES COMMENTAIRES SUR LES DIVERS CRITÈRES ET NORMES
Dans le texte, j’ai mis de l’emphase (en gras et en magenta), sur certains critères qui me paraissent un peu doctrinaires et peu réalistes, compte-tenu de la situation particulière canadienne.
Par exemple, lorsqu’on parle de maison nette zéro, qui produit autant qu’elle consomme, alors qu’on sait qu’au Canada, avec un climat très froid, la demande en chauffage est très élevée, on a peu d’options. On doit avoir une très forte isolation (qui sera très coûteuse à obtenir pour des bâtiments anciens), pour que le chauffage, même avec thermopompe, soit efficace. De plus, le code exige qu’avec une thermopompe, la maison se dote d’un autre système de chauffage de secours, en cas de panne de la thermopompe.
La production d’énergie renouvelable au Québec est assez limitée:
Considérant que le solaire photovoltaïque vient en très grande majorité de Chine, produit avec des métaux en provenance de pays comme la RDC exploitant des enfants et des gens dans des conditions déplorables, sans aucun regard pour l’environnement, et transportés sur d’immenses distances. Pour le moment, je considère l’énergie solaire presque comme un désastre environnemental et social. Tant que les panneaux ne seront pas produits localement par des sociétés « vertes », je ne vois pas comment le solaire nous aide réellement dans la lutte aux émissions de carbone.
On peut faire l’effort de sourcer nos matériaux de construction localement, avec des substances renouvelables (bois au Canada, cellulose, etc.), réduire le béton, les bardeaux d’asphalte, viser la durabilité, mais le plus efficace pour réduire nos émissions restera dans le transport et l’industrie. Au Québec, Manitoba et Colombie-Britannique, où l’hydro-électricité couvre une bonne partie des besoins de chauffage, la maison Nette Zéro n’est pas nécessaire la bonne cible.

Aux USA, le chemin semble tracé vers une maison très performante en plus de NetZero. Le Canada suivra vraisemblablement un chemin similaire.
Récupérateurs de chaleur des eaux de drainage: En principe, cela semble intéressant, mais après analyse, j’ai conclus que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Question : récupération chaleur eau bains, douches, lave-vaisselles (tout sauf toilettes) – Où le placer ? Dans la dalle ? Prévoir une fosse ? Cela complique déjà le design.
Récupérateurs de la chaleur des eaux grises (RCEG). Selon la publicité:
Réduisez de 20 à 40 % le coût du chauffage de l’eau pour les douches
Un système de RCEG utilise une technologie éprouvée pour exploiter l’énergie résiduelle des eaux circulant dans les tuyaux d’évacuation afin de préchauffer l’eau d’alimentation du chauffe-eau. Il offre plusieurs avantages : il réduit de 20 à 40 % le coût du chauffage de l’eau pour les douches, s’installe facilement, nécessite peu d’entretien et a une durée de vie de 30 à 50 ans.
Le système RCEG doit être conforme aux normes CSA B55.1 et B55.2 et son taux d’efficacité en matière de récupération de la chaleur des eaux grises doit être d’au moins 42 %.
- Son temps de retour sur l’investissement n’est que de 6 à 8 ans, alors que sa durée de vie est de 50 ans.
- Il ne demande aucun entretien.
ECODRAIN
La facilité d’installation et l’adaptabilité du système de 1,4 mètres de longueur

La durée de vie affichée de 30 ans, pour des économies d’énergie largement au-delà de la période de retour sur investissement (d’environ 7 ans pour l’exemple exposé précédemment).
La salubrité. La double séparation entre les eaux drainées et l’apport d’eau fraiche afin de limiter les risques de contamination. Le produit est certifié selon toutes les normes sanitaires en vigueur et ne contient pas de plomb.
Le potentiel risque de bouchage des tuyaux à cause de l’installation horizontale du système. Ecodrain affirme que le système a été conçu pour optimiser l’écoulement de l’eau et prévenir le bouchage des tuyaux. Mais que faire des appareils du premier étage, alors que nous sommes sur dalle. On a la douche et le bain de la salle de bain des maîtres (donc les principaux appareils utilisés), la laveuse à linge, la laveuse à vaisselle. Comment récupérer ces eaux ? Avoir un réservoir souterrain ? Sans une cave, c’est plutôt compliqué et coûteux.
Pour les dalles sur sol, le système est légèrement plus difficile à installer, car il faut s’assurer qu’il reste accessible. Il ne faut pas oublier, dans ce cas d’insérer l’appareil dans une cavité adaptée.
Attention! Une directive (controversée) de la Régie du Bâtiment du Québec (RBQ) interdit de raccorder l’alimentation en eau froide de la douche sur la conduite d’eau préchauffée par les systèmes de récupération de chaleur des eaux grises.
Selon la RBQ, les conditions de température de l’eau qui alimente directement la douche peuvent se retrouver dans la plage de prolifération des bactéries, telles que les légionnelles. Pour le moment, il est ainsi uniquement possible d’utiliser cet appareil pour préchauffer l’eau du chauffe-eau, ce qui limite l’efficacité générale du système.
De plus, pour que le système fonctionne, il est impératif que la demande soit simultanée à l’offre. Concrètement, cela fonctionne pour une douche puisque l’eau qui arrive au pommeau est égale à celle qui est rejetée mais cela ne fonctionne pas pour un bain. En effet, l’eau grise sera rejetée après que la baignoire aura été remplie. Or, moi je prends toujours des bain (chaque jour), donc pas efficace.
Sa synchronicité : son inconvénient le plus flagrant est qu’il ne fonctionne pas pour les appareils qui ont un besoin en eau chaude différé par rapport à leurs rejets. Par exemple, une machine à laver, un lave-vaisselle ou une baignoire ne fonctionnement pas avec un récupérateur de chaleur de ce type ;
La collecte de l’eau grise nécessite une tuyauterie séparée, rendant obligatoire l’installation d’une double canalisation à travers le bâtiment. Il est donc plus économique de concevoir ces systèmes lors de la construction d’un bâtiment. Il faut ensuite la filtrer pour enlever les plus grosses particules et la remiser jusqu’à son utilisation.
En conclusion, on n’installera pas de système de récupération de chaleur des eaux grises, car le gros de nos rejets d’eau chaude ne provient pas de système synchronisés. Bref un gadget pour se sentir mal si on ne l’installe pas, mais qui ne sert presque pas.
Adopter un chauffe-eau solaire: Juste à voir le mois de novembre qu’on vient d’avoir en 2024, on n’a presque pas eu de soleil… OK l’été, mais pour l’hiver, pas terrible. Au prix de l’électricité du Québec, même avec les augmentations prévues de Legault, on en a pour des années pour que cela vaille la peine. Encore un conseil pas très utile. On n’est pas au Texas ici. En plus, il faudrait un liquide caloporteur du style glycol, donc un échangeur de chaleur entre la chaleur récupérée et l’eau du chauffe-eau. Le retour sur l’investissement sera très, très long.
Débrancher les appareils lorsqu’ils ne sont pas utilisés: Une autre très bonne idée avec le prix de notre électricité. Si on a des appareils qui tiennent leur heure une fois débranchés, passe encore, mais sinon, si on part pour deux jours, juste faire le tour de la maison pour tout débrancher pour sauver l’équivalent d’un kWh à 6 cents, on repassera. Sans compter les trucs qu’il faudra reprogrammer ou remettre à l’heure (bon je sais que cela s’améliore, mais bon…). Éteignez vos lumières de Noel une heure plus tôt chaque soir, vous allez sauver bien plus d’énergie.
Novoclimat: les propriétés et l’emplacement des divers matériaux doivent respecter les conditions particulières énoncées à l’article 9.25.1.2 du Code national du bâtiment (CNB) et du Code de construction du Québec (CCQ), comme l’eau qui s’infiltre dans un mur de sécher vers l’intérieur ou vers l’extérieur de maison. Ceci est hyper important, mais encore aujourd’hui, les constructeurs continuent de mettre du polythène comme pare-vapeur directement sous le gypse. Or le polythène est imperméable. Il ne respire pas dans les 2 directions (ni une seule d’ailleurs). Autrefois, l’idée était que la majeure partie du temps, l’hiver, l’humidité de la maison était bloquée à la surface et n’entrait donc pas dans les murs pour causer de la moisissure. Par contre l’été, en juillet, s’il fait très humide dehors, et qu’on a de la climatisation à l’intérieur et qu’il fait plutôt froid, l’humidité va voyager de l’extérieur à l’intérieur, et condenser à la surface du polythène, dans le mur, risquant la formation de moisissure dans le mur. Comme de plus en plus de monde climatise leur maison, on ne devrait plus mettre de polythène dans les murs comme pare-vapeur, à moins d’être sûr que l’air ne circule pas dans vos murs (pare-air parfait).
En résumé, nous avons adopté les critères de Passivhaus, sans chercher la certification, et certains de LEED, des maisons résilientes et de design universel pour personnes âgées et handicapées, ce qui nous permettra d’adapter la maison facilement si en vieillissant nos capacités diminuent.

Par exemple, le code exige R5 sous la dalle sur sol, nous avons utilisé R40. Là où le code exige un plafond avec R51 (Québec), nous avons retenu R86. Nous n’aurons pas froid. Dans un autre article, nous expliquerons comment nous avons fait notre structure pour atteindre ces critères. En particulier, ce qui a exigé le plus de patience et d’être extrêmement méticuleux lors du montage, c’est le critère de 0,6 changement d’air à une pression de 50 kPa. À bientôt sur cet autre sujet technique.
La firme Ekobuilt a construit une maison modèle Eko Model Home (2016) et évalué la consommation d’énergie selon les codes qui auraient pu être utilisés pour sa construction:
Maison R2000 – demande d’énergie primaire de 21,366 kWh/an
Code canadien actuel – demande d’énergie primaire de 39,313 kWh/an
PassiveHouse – demande d’énergie primaire de 8,628 kWh/an
En reprenant les calculs de Passivhaus pour notre maison, on aurait: iCFA de 220 m2 environ x 40 kWh de chauffage par m2 par an, soit 8 800 kWh de chauffage. J’ai bien hâte de voir la performance réelle de la maison, mais le compteur va aussi inclure les autres appareils comme le chauffe-eau, frigidaire, éclairage, etc. Cela reste près de 2,5 fois moins qu’une maison R2000 et 5 fois moins qu’un maison bâtie au code.
La prochaine fois, j’expliquerai les différents concepts appliqués à notre maison pour respecter les critères Passivhaus US et autres normes que nous avons tenté de respecter.
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